Pour faire suite à la récente proposition de loi “Ferme France” et à certaines interrogations suscitées par l’éventuelle autorisation de pulvérisation de produits phytosanitaires par drone, nous avons souhaité apporter un éclairage aux différents arguments utilisés.
Pulvériser par drone accentue la dérive et la dispersion des produits !
Avec la courte expérimentation française, le projet de mesure Pulvédrone (INRAE) et les retours d’autres pays où l’épandage par drone est autorisée, les études ont montré qu’en respectant certains facteurs, la dérive n’est pas supérieure aux outils de pulvérisation utilisés actuellement.
Pour arriver à ce résultat, il est nécessaire de respecter trois facteurs :
– une hauteur de traitement limitée à 2,5 m au-dessus de la culture
– un traitement à vitesse lente, moins de 13 km/h
– l’utilisation de buses anti-dérive.
À notre sens, cela devrait d’ailleurs être trois conditions obligatoires à l’utilisation des drones d’épandage actuels, tant que de nouvelles technologies ne lèveront pas ces limites.
Il est à préciser que l’on arrive avec un drone à des résultats similaires en pulvérisant plus haut que les outils conventionnels (ex: rampe sur tracteur) : le souffle généré par les hélices vient pousser le produit, et le plaquer vers le sol, diminuant ainsi encore la dérive. C’est un principe bien connu et reconnu des agriculteurs depuis plus de 30 ans. (ex: Système Twin d’Hardi commercialisé depuis 1989)
Liens utiles :
Projet pulvédrone (INRAE transmis à l’ANSES)
Étude Suisse : Les dépôts de dérive mesurés et les valeurs d’exposition sont systématiquement inférieurs aux valeurs de référence mises en œuvre dans les modèles actuellement utilisés pour prédire la contamination des eaux de surface et l’exposition des résidents/passagers dans l’UE
Étude sino-germanique : Sur la base des résultats de cette étude, la distance de dérive d’un drone très populaire est bien inférieure à celle des applicateurs aériens habités.
Étude malaisienne : Les résultats montrent que la pulvérisation à une hauteur de 2 mètres à l’aide d’un drone est similaire à celle d’un pulvérisateur à dos avec une valeur CV de 0,46 et 0,43 respectivement
Étude américaine : Les résultats montrent que la méthode de pulvérisation par drone peut être utilisée pour appliquer des produits phytosanitaires sur les cultures de maïs avec une efficacité similaire à celle des méthodes conventionnelles.
Article PleinChamp: Principe de limitation de la dérive par l’application d’un flux d’air en agriculture. Exemple de matériels, témoignages d’experts.
On autorise la pulvérisation de pesticides alors qu’il faut en sortir !
La question de l’utilisation des drones d’épandage agricole soulève un débat complexe qui oppose deux points de vue : d’un côté, les associations écologistes qui aspirent à l’élimination complète des produits phytosanitaires, et de l’autre, le monde agricole français qui considère ces produits comme nécessaires à la protection de leurs cultures, tout en acceptant la recherche d’une solution de substitution. Bien que ces deux parties aient des opinions divergentes, elles s’accordent généralement sur la nécessité de réduire la quantité de produits utilisés, pour des raisons tant environnementales qu’économiques.
C’est précisément là que les drones d’épandage entrent en jeu, offrant une solution qui répond aux préoccupations tant des écologistes que des agriculteurs. Au lieu de traiter l’intégralité d’une parcelle, les drones permettent une analyse précise à l’aide de capteurs multispectraux, suivie d’une pulvérisation hyper-localisée.
Cette approche se traduit par une réduction significative, jusqu’à quatre à cinq fois moins de produits utilisés selon les cultures et les traitements.
C’est le retour du traitement par hélicoptère !
L’information va peut-être vous surprendre mais des hélicoptères pulvérisent encore en France. Pas plus tard que l’an dernier, face aux conditions météorologiques exceptionnelles et à un développement rapide du mildiou, des hélicoptères ont traité les vignes en côte d’or suite à une autorisation préfectorale. Les drones eux, étaient cloués au sol par l’impossibilité d’obtenir rapidement les autorisations de vol exigées par la Direction Générale de l’Aviation Civile (environ 3 mois de délai pour une autorisation type PDRA ou SORA)…
On ne peut pas écarter le risque d’exposition des agriculteurs / viticulteurs et des salariés agricoles
Si on ne peut pas l’écarter, on peut le mesurer. On imagine aisément qu’un salarié avec un pulvérisateur à dos ou agriculteur dans le tracteur est bien plus exposé qu’un télépilote de drone, pourtant plusieurs mesures ont été effectuées. Le résultat est sans appel : 300 fois plus de résidus sur le vigneron lors du passage à dos que sur le télépilote durant le traitement. D’autres résultats, mentionnées par l’ANSES indiquent “que l’exposition de l’opérateur utilisant un drone est environ 200 fois plus faible que pour un opérateur utilisant un chenillard.”
Le rapport de l’ANSES a émis un avis défavorable à l’utilisation de drones pour pulvériser des produits phytosanitaires
Dans son rapport, l’Agence nationale de sécurité sanitaire se plaint d’un “jeu de données très restreint” et invite tout un chacun à prendre ses conclusions “avec précaution”. Cette préoccupation est tout à fait justifiée, étant donné que seuls six essais ont été réalisés lors de la première expérimentation. Les contraintes administratives et l’investissement (personnel et financier) requis constituaient d’importants obstacles à la participation de la majorité des télépilotes dans une telle expérimentation…
L’ANSES invite d’ailleurs à multiplier les essais, mettre en place des protocoles de comparaison afin de mieux évaluer l’efficacité des traitements par drone ainsi que l’exposition des tiers.
L’épandage par drone est poussé par le lobby de l’industrie pharmaceutique et des pesticides
Au contraire, l’objectif principal du drone de pulvérisation est de permettre un traitement localisé plus précis et efficace, ce qui conduit à une réduction significative de la quantité de produits utilisés. Pas vraiment séduisant pour ce genre de lobby… Ce sont aujourd’hui les agriculteurs / viticulteurs les plus intéressés pour développer l’épandage par drone ou par robots autonomes pour réduire les coûts liés aux achats de produits et faire face à la pénurie de main d’œuvre.
L’équipe APADAT